Le RetroGaming : passion des collectionneurs et des businessmen

Le RetroGaming est un phénomène de société qui existe depuis bon nombres années et qui a pris énormément d’ampleur notamment en France ces derniers temps (Il n’y a qu’à comparer les prix jap/fr/US/Esp/All par exemple pour s’en rendre compte). On est bien loin de l’époque des brocantes traditionnelles, où avec Tonton Marcel, vous alliez de stand en stand pour essayer de décrocher un Mario à 10 balles ou même un Dr Slump à 2 euros l’unité (et oui le monde des mangas, comics n’est pas épargné non plus !). Mais pourquoi tant d’attachement à ces objets poussiéreux, déchirés, graphiquement obsolète et parfois clignotant (petit clin d’œil aux amateurs de jeux NES qui sauront de quoi je parle) ? Retour sur un nouveau business où se déchirent passionnés et spéculateurs… FIGHT !

frise retro1. Qu’est-ce que le RetroGaming ?

Bon, je ne vais pas revenir en détails sur ce qu’un bon nombre d’entre vous connaissent mais voilà, en gros le RetroGaming, c’est joué et/ou collectionneé des jeux-vidéos d’un autre âge que ce soit de simples consoles de salon ou portables, certains allant même jusqu’à racheter des bornes d’arcades délabrées pour les retaper et se faire plaisir avec un bon SpaceInvaders.

Observons les faits, cette pratique s’est développée en plusieurs étapes. Avant, et j’entends là dans les années 80 / 90, si vous vouliez tester des jeux plus anciens, il fallait passer par les bonnes d’arcades qui vous proposaient souvent des jeux d’excellente facture mais avec une durée de vie et une difficulté un peu hors-norme[1].

Sont venues ensuite les consoles de salon,  en passant de l’Atari par la Commodore, les Nintendo et autres Sega sont venues enrichir une offre vidéoludique en important ces jeux dans votre salon pour y jouer seul ou entre amis sur de la 2D classique ou améliorée au début des années 90.

95 marque l’arrivée de la playstation (notamment) et de ses jeux en 3D qui signifient une nouvelle ère en 3 dimensions (avec plus ou moins de succès il faut l’avouer, qui n’a jamais ragé devant les angles impossibles de caméra !).

Enfin, nous pouvons voir avec les consoles de dernière génération que les jeux sont certes très beaux (en tout cas graphiquement parlant) et que même si à ce niveau-là Nintendo est un cran en-dessous de Microsoft ou de Sony, nous avons atteint un palier qu’il sera difficile de dépasser (un peu comme la puissance des processeurs de PC). Il faudra attendre une innovation de rupture pour aller plus loin et renouveler le genre (les casques virtuels ?).

Depuis, les éditeurs et constructeurs sont sur trois modèles complémentaires : essayer d’innover en trouver de nouvelles idées de gameplay par exemple, en passant beaucoup plus de temps à définir un bon scénario, ou alors en renouvelant sans cesse les mêmes licences et ainsi céder librement au fan service.

Et quand on ne veut pas se prendre la tête et se faire de bonnes marges, rien de tel que de mettre à disposition des joueurs des jeux vraiment pas chers, sur des plateformes en ligne, WiiWare, Playstation Store, etc…

Il y a donc plusieurs éléments ici qui vont orienter ici la réflexion des joueurs vers la voie du RetroGaming. Suivant nos âges, et surtout l’âge auquel nous avons commencé à jouer aux Jeux vidéo, nous avons tous en mémoire des jeux précis, des sensations, des images qui nous reviennent en mémoire que l’on aimerait retrouver. Il y a aussi cette sensation dès fois désagréable que le passage à la 3D a gâché beaucoup de choses. Comme si la 2D résumait un peu notre enfance, et que la 3D nous amenait directement dans un monde plus dur, plus adulte. (d’ailleurs le SNJV (Syndicat National du Jeux Vidéo) a indiqué (dans son billet « qui sont les joueurs... » que la moyenne d’âge des joueurs était de 35/40 ans en France, on en parle aussi dans le dernier épisode de Merci Dorian sur la durée de vie des jeux vidéo). Et bien sûr, souvent lié à la 3D, la notion de gameplay (là aussi qui n’a jamais piqué de colère sur un jeu de plateforme 3D en sautant et en loupant la plateforme de 3cm car trop à gauche)..

Et puis… il y a les autres !

2. Retour sur un effet de mode qui peut rapporter gros

Et oui les autres.. Nous allons en parler dans le prochaine paragraphe, mais ces autres-là croyez-moi je ne les aime pas forcément. Je parlais des Brocantes, vous savez les brocantes traditionnels, faire des découvertes, casser son billet pour tester un vieux jeu ou revivre les sensations d’un de nos jeux d’enfance… J’aimerais bien savoir qui parmi vous a réussi à mettre la main sur des bons jeux abordables récemment sans se lever à 5h du mat’ un jour de broc’ ! Allez ne mentez pas !

Alors oui, bien sûr, je vois souvent sur des pages de fans de rétro comme sur facebook (par exemple : RetroGame France[2]), ces joueurs revenir avec leurs trouvailles de brocante, souvent de bonne facture mais aussi souvent hors de prix. Oui parceque au niveau prix, et bien le Retro… c’était mieux avant.

Donc le RetroGaming un marché juteux ? La réponse est certainement oui.. pour les revendeurs peu scrupuleux qui vont tout acheter par lot, asséché le marché et revendre à prix d’or ! Il n’y a qu’à voir le nombre de sites web qui vous proposent aujourd’hui des côtes de jeux vidéo pour s’apercevoir que cela a beaucoup changé et que cela s’est surtout professionnalisé depuis quelques années.

« Ce qui me dégoute c’est les Shenmue à 90e, je désire quand même pas me les payer à ce prix là, je pourrais jamais y jouer sauf en émulation » Toofi, joueur retro

Et oui petit Toofi, le RetroGaming c’est de plus en plus cher, la preuve en est de ce jeu NES version Gold du jeu « Nintendo World Championships » vendu aux enchères plus de 100.000 €. Ou encore « GoldenEye » N64 sous Blister vendu par Millon et Associés 12.000 € en 2013.

De quoi devenir fou ! Bien sûr ces prix pas vraiment attractifs n’attirent que les gros bonnets et les collectionneurs les plus fortunés !

Mais voilà, la loi de l’offre et de la demande est telle, que les jeux anciens pour causes d’obsolescence, de vieillissement des CDs ou des Cartouches de jeux deviennent de plus en plus rares et pour mettre la main dessus, il faut se lever tôt. Aujourd’hui, il n’y a qu’à voir les pratiques dans ce domaine : X vend un jeu, va voir sur Ebay combien il peut en tirer, met un prix équivalent qui trouve acquéreur et la boucle est bouclée, le prochain vendra un peu plus cher etc…

Heureusement, une certaine solidarité se développe entre les gamers eux-mêmes qui de plus en plus, préfèrent faire du troc ou vendre à des prix très compétitifs leurs collections. Et une certaine éthique apparaît également chez de nombreux e-marchands notamment qui vendent à des prix qui paraissent raisonnables (comprendre : qui ne nous prennent pas pour des pigeons – d’ailleurs c’est pas pour leur faire de la pub mais je vous conseille Mylo & Chibi – http://www.myloandchibi.fr/).

Et justement, ce dernier point est je le pense, une des raisons essentielles qui ont construit le marché du RetroGaming tel qu’il est aujourd’hui. Je reviens à mon Tonton Marcel (en réalité il s’appelle Marcellus Wallace mais trop long à écrire). Quand tu étais petit, que tu allais sur les brocantes (à bicyclette heuuuuuuu) tu espérais trouver un prix bas parce que.. bah personne ne savait trop le prix de ces choses-là ! Aujourd’hui avec la démocratisation d’internet, tout le monde peut comparer les prix partout, et comme pour n’importe quel produit dit de collection, il y a les revendeurs qui comparent à la hausse, et les acheteurs qui vont chercher la meilleure occaz possible.

3 – Mais de qui parle-t-on ?

Mais oui, qui sont ces gens qui n’hésitent pas à dépenser leurs fonds de pension, salaires et argents de poches pour se procurer les derniers hits vidéoludiques de 94’ ?  Alors je ne vous referai pas tout en détails car il existe déjà un excellent dossier de GanGeekStyle sur le sujet ici (Augmentation des prix du retrogaming, la faute à qui ?) mais je suis plutôt d’accord avec leur analyse :

Les nostalgiques : généralement un peu plus âgés, ou ayant connu la genèse des jeux vidéo, ils cherchent avant tout à retrouver des sensations perdues voir à présenter à leur gamin des jeux plutôt funs, facile à prendre en main (car en 2D !) et qu’ils veulent partager ;

Les passionnés (SSj1) : jeunes ou vieux, ils aiment les jeux vidéo, et aiment à le faire savoir. Ils vont chercher à acquérir tout ce qui pourrait leur plaire pourvu que cela fonctionne (ou que cela soit réparable) et à y jouer seuls, en couple, ou entre amis pour le pur fun des jeux d’antan.

Les furieux (SSj2) : pas incompatibles avec les joueurs précédents, ce sont juste des joueurs qui cherchent un titre précis et sont prêts à mettre une petite fortune (dans la limite du raisonnable) sur LE jeu de leur rêve.

Les Maladifs (SSj3) : « la crème de la crème » diront certains, vous avez surement vu les belles photos de collections avec des milliers de jeux de toute sorte, le beau mur de console sous leur petite lumière étoilée. (non je ne suis pas jaloux..sniff).

Les jemenfoutistes : En gros, ceux qui vont vendre ou donner des jeux ou consoles, car, bah ça prend de la place, plus le temps d’y jouer, ça m’est passé..etc..

Les PNJ marchands : Ce sont souvent des boutiques avec une certaine éthique, qui vont chercher à vendre à un juste prix. Bien sûr, à partir du moment où c’est un commerce déclaré, il faut payer des impôts. Donc la boutique, les impôts et l’achat des jeux/consoles = garder une petite marge pour soi et vivre et payer tout le reste. Mais en général ils sont plutôt corrects.

Les boutiques « spécialisées » : je n’en dirai pas plus. Des boutiques qui fiers de leur expertise, vont vous revendre de vieux jeux et ne vous laisseront que votre short. Ramenez-moi 10 jeux et vous aurez un bon de réduction de 10€ sur votre prochain achat. En attendant vos 10 jeux je vais les vendre 15 à 50 € chaque… Merci !

Les Ratisseurs : Ils pratiquent la politique de la terre brûlée. Partout où ils passent, plus rien ne repousse. Si vos vide-greniers et autres brocantes sont vides, c’est à cause d’eux, ils vendraient n’importe quoi pourvu que le profit soit là. C’est une véritable plaie qui se développe de plus en plus depuis que le RetroGaming est « in ».  Et ça ne concerne pas que les jeux-vidéos. Mangas et certaines collections de DVDs y passent aussi… J’ai cet exemple d’une conversation sur une page d’un gars très connu sur facebook, qui parlait des Amiibo, vous savez ces figurines ajoutant du contenu additionnel pour les jeux de chez Big N. L’interlocuteur principal de cette discussion indiquait qu’il n’arrivait pas à avoir l’amiibo qu’il avait réservé en boutique car trop était déjà parti et ils n’en avaient pas reçu assez. Et en réponse, un certain M. Jerky a annoncé fièrement à tout le monde en avoir acheté 5/6 d’avances histoire de tout revendre ensuite et se faire un max de blé.

Les Die Hard 4 : tout passionné de jeux-vidéos qu’ils soient, ils sont insensibles aux charmes des packaging, booklet, support physique et autres bonus. Même s’ils se laissent tenter de temps à autre, après tout, les émulateurs sont là pour cela et aujourd’hui, même les consoles next-gens proposent des versions dématérialisées téléchargeables sur un simple click, donc pourquoi se fâcher, alors que tout est à portée de main.

4 – Une solution : la dématérialisation ?

Et justement, n’est-ce pas au final la question centrale dans tout cela. Vous prenez un PC, vous achetez soit des manettes génériques (osef) soit des manettes simili de vos manettes favorites en USB, vous branchez sur la télé (en UHD bien sûr) et vous lancez jeux et émulateurs avec une facilité hallucinante pour peanuts !

Mais vous dites adieu à vos boîtes ; guides de jeux, figurines, bonus, manuel de jeu et surtout cette impression que vous ne pouvez rien perdre, que tout est là devant vos yeux.

Je pense que le combat principal est celui-ci : vivre avec son temps et accepter le tout-dématérialiser ou louer une chambre de plus pour stocker tout son fatra.

Perso, je suis un incurable du support physique… Pour vous donner un exemple, toutes les VHS de mes films favoris que j’ai dû jeter car bah.. le magnéto ne fonctionnait plus ! Ça m’a foutu une claque… J’ai du tout racheter en DVD/BluRay. Et bien pour les jeux-vidéos c’est pareil, jouer à la console, pousser le bouton « on », entendre le son de la cartouche que tu rentres dans la fente (rien de sexuel là-dedans ou presque) ou le son du CD qui va tourner dans ta PS1.

Ça peut valoir une blinde mais acheter des RPG en format physique que je n’ai pas connu il y a 15/20 ans par exemple, je craque dessus car le format émulateur m’embête au plus haut point. Et puis après tout, le JDG ne vogue-t-il pas sur la mode Retro en faisons des vidéos consoles !

Pourtant me direz-vous, si tout le monde passait à l’émulateur, ça serait la fin du marché du RetroGaming, ou en tout cas la fin de ce marché avec des prix élevés (du moins j’espère). Et surtout ces Ratisseurs nous laisseraient à notre passion et s’envoleraient vers d’autres cieux.

Alors voilà les amis, je vous pose maintenant la question : seriez-vous prêts à passer à un RetroGaming tout dématérialisé et potentiellement beaucoup moins cher, ou alors préférez-vous garder ces vieilles reliques au chaud pour des soirées endiablées et continuer à peste et râler sur les prix qui grimpent !

Perso, j’ai fait mon choix… et ce soir, c’est Bière / Street Fighter 2 Turbo !

[1] Et pour cela je vous conseille de regarder le dernier « Merci Dorian : La durée de vie des jeuxvidéos ».

[2] https://www.facebook.com/groups/1442376542697327/

6 réflexions sur « Le RetroGaming : passion des collectionneurs et des businessmen »

  1. Sympathique article mais mais deux petites nuances sur des points que l’on retrouve à longueur de papiers (pros ou amateurs). Non le retrogaming ce n’est pas uniquement des consoles mais aussi des micro-ordinateurs. Et il en existe un paquet (Apple II, CPC,C64, Amiga..). C’est peut-être ce que tu as voulu dire en parlant de « la Commodore » mais ce n’est pas une console donc « le » (à moins que tu voulais parler de l’Amiga CD32).
    Non la 3D n’arrive pas avec la Playstation. Ce n’est peut-être pas ce que tu as voulu dire mais ça le laisse croire ça. Si c’est bien elle qui l’a popularisé cela faisait plus de 10 ans qu’il existait des jeux en 3D, notamment sur micro-ordinateurs d’ailleurs.
    Désolé pour le ton un peu professoral mais c’est de plus en plus usant de voir à quel point l’histoire du jeu vidéo est réinterprétée et réécrite.

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  2. Hello et merci pour ton commentaire : sur tes deux nuances je suis d’accord je suis passé assez vite sur ces parties car ce n’était pas forcément le cœur de mon sujet mais ton commentaire est juste. là-dessus j’ajouterai que par exemple je prenais l’exemple aussi des bornes d’arcades. alors ensuite sur la 3D ça dépend de quel type de 3D tu parles ? ca on a eu au fil des consoles (et micro-ordinateurs) des simili 3D aussi.. mais merci de ton commentaire ^^

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    1. Je parle bien de la vraie 3D. Alors certes au tout début des années 80 ce n’était pas de la surface pleine mais du fil de fer (Elite, Flight Simulator). Mais ce n’était pas non plus de la 2D avec une impression 3D. Ensuite aux environs de 87-88 on a eu des paquets de jeux en surfaces pleines comme Carrier Command (Midwinter, Total Eclipse, Hunter, des tonnes de simulateurs de vols, etc..). On peut même remonter en 83 avec I-Robot d’Atari en arcade (surfaces pleines). Mais c’est vrai qu’il y a un avant et un après PS1 pour la 3D, pas tant d’un point de vue technique mais surtout culturel. Malgré ma critique, merci pour ton article.

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  3. Toujours sympathique de tomber au hasard sur un article et de voir un gentil commentaire sur notre boutique. Et oui malheureusement les 3/4 des gérants (pros) ou revendeurs ( parasite interne aux brocs) ne sont pas collectionneurs et parfois même pas joueurs… voilà pourquoi le marché part en couilles. Et très franchement nous en sommes les premières victimes car on rachète de plus en plus cher , il devient difficile d’avoir un bénef correct après les taxes (ou vol?) de l’etat .

    Moi acheter 3€ pour revendre 6€ peu importe le jeu je demande pas mieux…

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